Catherine est venue en stage ce printemps et nous donne des nouvelles
de son activité avec ses ânes. Voici le texte qu'elle a écrit pour nous
faire partager son expérience. Un autre message suivra avec une
magnifique vidéo ... dès que j'arriverai à la télécharger. Merci à
Catherine aussi pour les photos et place au texte:
Je suis installée à Faux la Montagne,
à 700 m d’altitude sur le Plateau de Millevaches. J’ai réellement démarré mon
activité à plein temps à la fin de l’année dernière. Je cultive des légumes de
plein champ, principalement des légumes de garde et des haricots secs destinés
à être transformés en conserves (soupes, haricots grains et légumes cuisinés).
Mon activité est très modeste, au vu
des surfaces cultivées en légumes (2500 m² environ, incluant une rotation
légumes/sarrasin) et au vu des moyens mécaniques et financiers dont je dispose.
Je cherche à pratiquer une petite
agriculture vivrière, à subvenir aux besoins de ma famille et bien sûr à
dégager du surplus pour pouvoir produire des conserves destinées à être vendues
localement sur les marchés, par le biais d’épiceries associatives ou de
regroupements de consommateurs. Je fabrique également sur les marchés des
galettes de blé noir avec de la farine issue de sarrasin cultivé dans la
région.
Pour la culture des légumes, je travaille
avec Bali, mon ânesse de 8 ans. J’ai une Kassine que j’équipe principalement
avec deux outils, le disque billonneur et le butoir, et une ancienne sarcleuse
à 3 dents, très utile pour le désherbage entre les rangs.
J’ai deux autres ânes hongres, Gingko
3 ans, le fils de Bali et Hansi, 2 ans, arrivé il y a peu.
Lorsque j’ai commencé à travailler un
peu avec Bali en traction animale il y a 4 ans, je découvrais à la fois les
ânes et la traction animale. Je n’y connaissais absolument rien et il y a eu des
gros moments de « flottement » (ou pire…). Cette saison est la
première où j’ai vraiment travaillé régulièrement avec Bali. De plus, j’ai eu
la possibilité entre février et mai cette année, de faire trois stages aux Anes
du Gîte (débardage, attelage et éducation du jeune âne). Pour moi qui avais
fait tout mon apprentissage asin quasiment seule, ça a été un vrai gros coup de
pouce : la découverte de l’étendue des possibles avec les ânes en
situation de travail, de l’importance des techniques de menage et aussi la
possibilité d’échanger autour des ânes, avec Jean François, Armelle et les
autres stagiaires, dans un contexte de grosse motivation de tous a été quelque
chose de très précieux pour moi.
Pour ce qui est de mes ânes :
Bali commence à être bien rodée au
travail sur buttes, les séances se passent de mieux en mieux. Il arrive encore
certaines fois qu’elle fasse « n’importe quoi », mais lorsque c’est
le cas, c’est presque toujours en période de chaleur. C’est une ânesse qui
« a du coffre ». Je la mène
aux rênes longues pour la quasi-totalité des travaux et j’ai cette année, la chance d’avoir l’aide de
Christopher, récemment installé à Faux la Montagne et très intéressé par la
traction animale qui me donne un coup de main à l’outil lors des séances de
travail. En maraichage, je ne suis pas pour l’instant en capacité de travailler
seule, c'est-à-dire de mener l’âne et de gérer l’outil. Je fais pas mal
d’autres petits travaux avec Bali, un peu de débardage, attelage d’une remorque
pour transport de bois ou de fumier, ballades, etc…
Gingko est quand à lui un âne d’un
gabarit assez important, mais jeune encore. Il est très émotif et a peur de
tout en ballade. Il y a encore un gros boulot d’éducation avec lui. Je le mène
aux rênes longues mais chaque petit obstacle ou nouveauté au bord de la route est
un très gros challenge pour lui… et pour moi. Malgré tout je pense qu’il a un
gros potentiel, car très maniable, puissant et …. sympa, malgré son côté un peu
« bourrin » et assez imprévisible ! On a sarclé des patates avec
lui et on l’a attelé à la remorque. Là aussi, l’aide de Christopher est
précieuse, car il est bien plus rassurant et pratique d’affronter certaines
situations d’éducation à deux que toute seule.
Hansi est encore plus jeune, il est
tout le contraire de Gingko, c’est un petit gabarit, assez posé et calme, qui
fonctionne beaucoup sur la confiance. Si on lui dit qu’il peut passer quelque
part, il passe… Pour l’instant je ne l’ai mené qu’au licol, cet hiver je le débuterai
aux rênes longues … dès que j’aurai trouvé un collier et une bride à sa taille.
Pour ce qui est du travail en
maraichage :
En début de saison, je prépare les
terrains au tracteur (c’est un vieux tracteur 2 roues motrices) en attelant
cultivateur puis vibroculteur. Cette année il a fallu ouvrir une prairie, j’ai
demandé à un voisin de me faire un labour.
Lorsque les terrains sont prêts, les
ânes entrent en scène : passage du disque billonneur pour la réalisation
des buttes, éventuellement sous solage entre les buttes si le terrain est très
compacté (1ère année de culture en général), puis désherbage avec
l’outil pattes d’oie de la Kassine ou avec l’ancienne sarcleuse 3 dents, puis
suivant les cas, buttage. L’opération sarclage puis buttage ou sarclage seul se répète plusieurs fois dans
la saison suivant les conditions météo et la pousse des adventices.
Je fais toujours un ou deux
désherbages manuels sur les buttes, ce qui me prend beaucoup de temps et me
fait apprécier l’efficacité des ânes pour le désherbage entre les buttes…
Mis à part le labour de départ, assez
incontournable selon moi, j’essaye par la suite pour les travaux au tracteur,
de travailler le sol en surface et sans retournement des horizons.
J’ai bien sûr le projet d’atteler
Bali et Gingko en paire pour gagner de la puissance et entre autres faire avec
les ânes un peu de préparation des terrains. J’ai déjà fait un peu d’étaupinage
avec eux sur un pré de 2 hectares (en tractant un ancien cerclage de roue de
charrette), mais l’émotivité de Gingko déteint sur Bali et pour l’instant je
préfère éviter de les atteler ensemble et attendre que Gingko mûrisse un peu.
Je consacre bien sûr beaucoup de mon
temps à la mise en place de mon activité et donc à la partie maraichage.
J’aimerai bien à l’avenir lorsque les
choses seront un peu plus calées dans ce domaine et lorsque j’aurais acquis
davantage d’expérience asine, proposer des petites prestations avec les ânes,
sur des travaux divers ou aussi peut être dans le domaine de l’éducation
de l’âne….