formation traction animale asine

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jeudi 21 avril 2011

voici le premier compte-rendu, la formation du 3 au 5 novembre

Compte-rendu formation du 3 au 5 novembre INAM, rédigé par Armelle MENAGER

TRACTION ANIMALE ASINE
EN VUE DES TRAVAUX DE MARAICHAGE

La formation organisée par l’INAM sur le thème TRACTION ANIMALE ASINE EN VUE
DES TRAVAUX DE MARAICHAGE et proposée aux adhérents des associations nationales de race et de la FNAR s’est déroulée à Sanas, Juillac du 3 au 5 novembre 2010 encadrée par Jean François Cottrant.

Après présentation des attentes des stagiaires , il est apparu

• Que pour l’un d’eux maraîcher en traction animale cheval, cette formation avait pour but de connaître l’âne au travail
• Que pour les autres éleveurs âniers l’objectif était d’approcher les outils de maraîchage en traction animale, découvrir la pratique de ces outils, et se former au travail des ânes dans ces pratiques tant sur le plan théorique (possibilités limites conséquences en terme d’élevage, choix des animaux etc.) qu’en pratique.
Jean François Cottrant a donc présenté le dimensionnement des forces de traction en fonction de la force théorique de l’âne (liée à sa morphologie) ou d’ânes travaillant ensemble , du poids de l’outil, des résistances du terrain : pente profondeur….et du temps de travail demandé ainsi que l’alimentation ad hoc.

Puis sur le terrain des mesures de ces forces ont été faites (power point) avec les différents outils présentés et les différentes marques représentées :

• Kassine prommata (utilisée avec herse type étrille)
• Charrue Ebra
• Herse traînée Ebra
• Buttoir monté sur porte outil Mouzon
• Canadien Ebra monté en trois ou cinq dents
(entraînement préalable au traîneau )

Ce choix visait en effet à permettre (sans prétendre être exhaustif) aux âniers comme aux futurs maraîchers d’appréhender l’ensemble des acteurs de la filière asine allant de l’éleveur à l’utilisateur final, en ce qui concerne les harnais, les outils de maraîchage et les animaux soit l’état du marché :les besoins actuels , ceux émergeants , les différents modèles de matériel, les fabricants les vendeurs …ETC

LES HARNAIS DE TRACTION qui sont simples mais soumis à des forces importantes et à des conditions très salissantes.
Ainsi il a été utilisé des guides simples , à 2, à 3 en corde de coton lavable avec croisières amovibles (souplesse d’utilisation)
Des colliers nordiques, français, anglais ont pu être comparés : sur mesure ajustable plus propice au travail en force et les points de contact et de surveillance sur l’animal ont pu être repérés pour chacun

Il a été mis en évidence l’importance des porte traits dans le travail : souples et ne devant pas casser les traits , sans point d’accroche possible avec les guides.
Et il a été fortement insisté sur la finesse impérative du menage au mors coup de poing avec gourmette (recommandé par sécurité) dans le respect du bien être animal.


-ET POUR LES OUTILS
le porte outil Prommata avec son « volant » de prise en mains réglable
intérêt : porte outil unique sur lequel on adapte différents outils, stable lorsqu’il est utilisé en 2 roues
inconvénients poids du porte outils à vide et demi tour difficile laissé à l’appréciation de chacun le volant de guidage apprécié par certains et gênant d’autresmeneurs et ce suivant les pentes de terrain

une herse type étrille à passer sur les faux semis ou après la levée des semis (désherbage) sur le rang de semis (perte de certains plants, augmentation du tallage…)
Le travail de cet outil n’était pas visible dans le terrain concerné et pas toujours bien compris des stagiaires (technique récente mis en place par les agrobiologistes et reprise aujourd’hui par l’ensemble de la profession agricole)

la charrue Ebra menée aux manchons
avantages tout le poids à tirer de l’âne sera celui du travail de la terre qui sera fonction de la pression du meneurs (guidée par roue de terrage) tant en profondeur que latéralement
½ tour sur place facile
A noter qu’il s’agir d’une charrue à un seul versoir d’où un travail en planches

Inconvénients demande une bonne maîtrise latérale, dérapage lors de rencontre de caillou à rattraper, travail « physique » selon certains stagiaires. L’âge de cette charrue est court, donc la stabilité latérale s’en trouve diminuée.
Il est ici entendu que le labour demandé reste dans un horizon de 15 cm de profondeur, ceci non seulement eu égard à la force animale mais aussi par choix d’un travail du sol superficiel non violent visant à garder dans le premier horizon les transformations de matière organique notamment en garantissant les transformations aérobies et en considérant que le travail racinaire en maraîchage (rotation de cultures courte) reste dans cet horizon.
Dans ce contexte de choix technique, même le labour reste pertinent en traction animale asine(sur des surfaces modestes et après une culture )

Le travail de cette charrue dans un terrain lourd, collant et peu ressuyé a pu être correctement observé.

Le buttoir monté sur cadre Mouzon
Ce type d’outil est très souvent utilisé non seulement en culture légumière classiquement butée (pomme de terre) mais aussi par choix de culture dite « sur buttes » ou « sur billons » souvent choisi en petit maraîchage pour faciliter désherbage réguler l’ambiance hydrique, et optimiser le réchauffement du lit des plants

A noter en outre, ce qui n’a pu être observé sur place que ce type d’implantation est très bien adapté à la traction animale (visibilité des rangs pour l’animal , passe pieds …)

Après passages d’autres outils, le buttoir ainsi monté a été trouvé facile à mener et les résultats très visibles (seraient à comparer à des disques billonneurs pour apprécier les avantages inconvénients de chacun).

Le canadien 3 ou 5 dents :
Quelque soit le porte outil utilisé, les stagiaires ont pu constater la grande différence de force demandée à l’animal entre le montage 3 ou 5 dents et la profondeur de travail du sol.
Outre les aspects liés aux forces de traction (qui ont pu amener à atteler en paire ou en tandem) les largeurs de travail ont été constatées tant en ce qui concerne le travail des dents (outil de désherbage entre rangs ) que les passages d’animaux.
Par contre le travail de désherbage n’a pu être visualisé et le rôle de cet outil dans les différentes configurations de culture (à plat billons, rangs plus ou moins écartés) pas toujours assimilé.

La herse traînée Ebra
Cette herse étant très légère elle a dû dans ce terrain être alourdie par un poids extérieur pour griffer la terre mottée. Ce type de herse est en effet utilisée pour la finition du lit de semence et demande donc un travail préalable des différents outils , un terrain souple et très bien ressuyé
Elle a néanmoins été utilisée pour comprendre les passages et reprises de passage et travailler le ½ tour avec un outil traîné.

Enfin les travaux de récolte bâtés ou sur traîneau ont été abordés car ils sont pertinents sur rang ou en transport sur terrain difficile, pentu.

LES ANES
Les ânes mis à disposition étaient tous des animaux éduqués au travail mais présentaient des particularités de menage propres. Il s’agissait de
Quebo, âne des Pyrénées de 350 kilos
Simay, âne normand 230 kilos
Rodéo et Raboliot, ânes normands en paire
César, âne de Provence

Ainsi César, âne maraîcher de « métier » , 20 ans entrait dans le collier avec force et devait être mené fermement (bouche dure, guide à l’anneau du bas du mors)
Alors que Simay « âne d’école » plus jeune (4 ans) est d’un menage plus fin, bouche très réceptive (guide au banquet du mors)
Quebo, âne plus fort de par son gabarit a été mené à l’anneau du bas. Il est à noter pour Quebo qu’il reprenait de l’exercice après un break et qu’il s’est facilement remis au travail.
La paire Rodéo Raboliot, si elle est une paire entraînée en paire demandait surtout en début de travail à réguler la fougue de Raboliot tout en encourageant Rodéo prompt à laisser travailler l’autre (ânes de 5 ans) ce qui en menage peut paraître paradoxal
Après quelques passages cette régulation s’est faite automatiquement et les ânes ont été menés tous les deux au banquet du mors.
Les stagiaires ont aussi noté que le positionnement et l’avancement « dans la raie » sont assez instinctifs chez les animaux aidant ainsi le travail du meneur

Pour la paire il y a eu quelquefois concurrence pour ce positionnement entre les deux animaux. Celle nous concernant a travaillé conformément à son éducation avec Raboliot à gauche dans la raie et ce afin de garder l’équilibre trouvé (après quelques réglages vus plus haut) chez cette paire

LE DUR APPRENTISSAGE DU MENAGE AUX OUTILS
.

Les stagiaires meneurs , différemment entraînés à l’exercice préalablement à cette formation ont pour beaucoup eu du mal à mener sur ligne droite. Pour faciliter l’exercice cordeau et piquet ont été plantés pour les premiers rangs de charrue, de buttoir et de canadien

Pour la herse traînée la difficulté était donc double : il fallait visualiser le dernier passage (pas évident en cette terre) recouvrir d’une dent et aller droit sans aide de sillon visible
Le ½ tour en pivot de l’outil traîné donc sans prise en mains, a aussi posé difficulté à certains qui ont néanmoins maîtrisé l’exercice en fin de formation.
Avec les autres outils les manchons permettent de soulever le cadre et de pivoter autour de la roue ou versoir laissé au sol, technique appelant une multitudes de gestes dans un espace court (le plus court possible car les bouts de rang sont rognés au maximum an maraîchage compte tenu des petites surfaces exploitées ; argument en faveur de la traction, encore faut il maîtriser la technique du ½ tour !!

Les stagiaires ont aussi vite perçu que les animaux étaient à l’écoute de la voix et du positionnement physique du meneur (ce dernier essentiel en ½ tour) et qu’il n’était pas utile de porter fort la voix mais plutôt comme aux guides d’être toujours au contact et de donner des ordres clairs (attention aux gauche /droite et aux allez/recule ; en formation les ânes étant de plus à proximité les une des autres, ils entendent d’autres ordres donnés par les autres stagiaires à leurs congénères d’où l’importance de leur signifier qui leur parle (encouragement voix égale pour constituer une bulle âne/meneur)

L’objectif de cette formation était aussi de permettre aux stagiaires d’apprendre à mener dans différentes configurations, seul tout en maniant l’outil

Pour l’acquisition de ces savoirs, les meneurs ont donc commencé par travailler à deux (l’un aux guides, l’autre à l’outil) ce qui nécessitait en plus l’entente entre les deux meneurs !, puis un travail seul, objectif en maraîchage (réalité économique oblige)

En fin de formation ce point était inégalement acquis selon les stagiaires ou les outils ou les configurations d’animaux.
En effet le même apprentissage a été proposé en simple, en paire ou à 3, le menage se faisant de la même façon une fois maîtrisée la nouvelle donne avec les croisières, mais le ½ tour s’avérant encore plus difficile !

PERSPECTIVES

Rappelons que les observations ici consignées ne valent que pour le terrain et les conditions rencontrées


Sur ce point le travail de certains outils n’était pas observable
Par ailleurs certains stagiaires n’ayant aucune idée du rôle agricole de ces outils, ils n’ont pas vu comment s’en servait un maraîcher dans ses cultures


S’il est en effet idéal pour s’approprier la méthode de pouvoir fouler et refouler le sol avec les outils sans contraintes (menage hasardeux, passages nombreux…), il reste qu’il faudrait acquérir quelques bases des pratiques maraîchères pour comprendre le bien fondé des outils et la pertinence de la traction animale asine selon les contextes.


Ainsi le travail sur rangs plantés semble une deuxième étape à explorer pour les stagiaires qui souhaitent approfondir , ceux ci pouvant se présenter à plat ou sur billons
On pourrait donc envisager un premier travail de billonnage et des semis ou repiquage ; puis des travaux de désherbage et de rebutage (quelques notions de travail en maraîchage comme le labour léger les façons inversées le travail de la matière organique, la prévention de l’envahissement des maladies ou des ravageurs sont nécessaires pour mieux comprendre l’intérêt de ces interventions)


SUR LA FORMATION


L’éventail des niveaux des stagiaires était à son maximum : un pratiquant quotidiennement , un autre n’ayant jamais mené, d’autres ayant appris de façon empirique…
Chacun a progressé du point d’où il partait de façon significative


L’esprit très ouvert du groupe a permis beaucoup d’échanges et chacun s’est prêté au jeu remettant en cause ses acquis


Les ânes étaient très formateurs pour tous et reprenaient facilement le travail même après avoir été déboussolés par des ordres contradictoires et des menages aléatoires. En cela le stagiaire pour qui cet animal était une découverte a été agréablement surpris


Il a été constaté que les travaux en traction animale asine sont en force limités et qu’il convient de faire coïncider les façons culturales au terrain et à ce mode de travail
Peut-être peut-on considérer que la pénibilité du travail de l’âne représente un signal sur des conditions non adaptées !! Et qu’il favorise l’harmonie entre choix culturaux et choix d’interventions !!


Les outils présentés même s’ils ne prétendaient pas être exhaustifs présentaient un panel de fabricants et ouvraient la porte de chacun à la recherche de nouveaux outils. Ce point a été reconnu par les stagiaires comme un point fort et une référence professionnelle


La méthode très pratique (acquérir la sensation d’appuis sur le mors avant tout autre apprentissage) correspondait aux attentes et que la partie théorique (indispensable et ramenée au strict essentiel) n’a pas rebuté les stagiaires qui l’ont jugée essentielle et suffisante.


L’organisation et la logistique ont permis d’optimiser les temps de formation et notamment de réduire les temps de montage et remontage d’outil

Il est apparu qu’il pourrait être formé un groupe mail pour échanger sur d’autres expériences de terrain entre stagiaires sur tous les domaines approchés : ânes ,harnachements, outils, sols, plantes, récolte)

c'est le but de ce blog

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